Après quelques mois de confinement, le kikou a retrouvé le chemin de la randonnée en groupe, le 24 mai dernier. Qui se souvient encore de Ciara (9 février), Dennis (16 février) et Ellen (23 février), ces tempêtes qui ont contrecarré nos projets de randonnées cet hiver ? On nous dit alors : rassurez-vous, le printemps arrive, vous allez pouvoir ressortir ! À trop regarder les éléments qui se déchainent sous nos yeux, on ne la voit pas arriver cette autre tempête, qui se fait pourtant menaçante à l’autre bout du monde. Et puis, tout s’accélère. On entre dans un autre monde où la randonnée n’a plus sa place, du moins dans la forme qu’on lui connait. Marcher en toute liberté, quand on veut, comme on veut, où on veut et avec qui on veut : c’est fini. Le pays se prépare à affronter cette autre tempête… Ce ne sont plus les arbres qui tombent que l’on se met à compter et à pleurer. Chacun·e se construit une cabane, fait des provisions ou s’organise. On prend soin de soi et des autres, selon la formule. On se « dégourdit » les jambes dans son quartier. Les plus optimistes des randonneurs (re)découvrent le plaisir de la marche au coin de leur rue et portent un regard neuf sur ce qu’ils ne voyaient peut-être plus. Les contemplatifs ralentissent et se réjouissent de la présence d’un bosquet sur leur parcours. Mais, même pour les plus curieux/-euses d’entre nous, les sorties sur terrains variés commencent à manquer… Alors on donne une nouvelle orientation à sa marche confinée : on expérimente la marche en « barefoot » ou « chaussures minimalistes ». Et puis, on le sent, on l’attend, ce vent de libération qui se met à souffler de toutes ses forces : on nous annonce que les entrainements sportifs sont désormais autorisés dans un cadre organisé, moyennant le respect de certaines mesures de sécurité. Se poser dans sa cabane, essayer de ne pas écouter les rumeurs, les vents contraires qui buttent sur des textes (arrêtés ministériels, FAQ…), garder son esprit critique, garder l’envie et la volonté de randonner différemment. Il est temps de coucher sur papier les règles d’un nouveau mode de randonner en groupe en prenant soin de soi et des autres : se mettre en ordre de marche. Et puis enfin, on sort de sa cabane en compagnie des premier·e·s aventurier·e·s de l’asbl « Aventure et vous », avec un sac préparé pour l’occasion : pas de petite « goutte », mais un flacon de gel hydro-alcoolique, du savon, son masque, quelques masques de réserve pour les éventuels distraits, ses précieux documents. Après une entrée masquée dans la clairière où nous nous sommes donné rendez-vous et un lavage de mains si besoin, on visualise ce que représentent les distances de 1,5 mètres et de 5 mètres : ce sont les nouveaux chiffres à retenir pour marcher côte à côte ou l’un derrière l’autre. Cela nécessite un peu de rigueur et une attention continuelle. Avoir une conscience de son corps en mouvement dans l’espace, cela s’apprend… C’est une donnée en plus pour le/la guide qui veille à prévoir une alternance entre les larges chemins ouverts à la discussion et les étroits sentiers chargés d’intimité avec la nature. Et pour la première sortie, après des mois de cabane, on s’engage d’abord sur un large chemin ! Le parcours en « Petite Suisse namuroise » nous voit progresser, démasqué·e·s évidemment, et distant·e·s physiquement, sportivement. Ironiquement, on récupère son souffle devant des vues à couper le souffle… Quelques passages techniques permettent à nos pieds de retrouver leurs sensations. Des descentes rudes, sans bâton et sans échange de matériel ? Dame nature vous propose un vrai bâton de pèlerin ! On enjambe les arbres couchés au travers des sentiers, souvenirs des tempêtes de cet hiver… À midi, vient le temps de reprendre un peu d’énergie, chacun·e sur son rocher ! Tombera ou tombera pas à l’eau : le pied est-il toujours aussi assuré ? La distance n’empêche pas la bonne entente dans le groupe. C’est un précieux temps de récupération avant les deux montées de l’après-midi. Dans le groupe, certain·e·s s’entrainent pour un Tour du Mont-Blanc ou un séjour dans les Vosges, d’autres constatent qu’ils n’ont rien perdu de leurs capacités physiques. Au bord de la Semois, on regarde tous ensemble dans la même direction : le sommet à atteindre. Et avec un peu d’imagination, on distingue une zone d’alpage qui nous attend au-delà de la zone forestière… À l’arrivée, on fait quelques étirements, mais on ne s’attarde pas… On prend néanmoins le temps d’échanger sur cette nouvelle façon de randonner en groupe. La distanciation sportive est-elle un obstacle infranchissable, rebutant, contraire à l’esprit de la randonnée en groupe? Ce n’est pas l’avis des personnes que j’accompagnais ce dimanche 24 mai. Il est temps de sortir de sa cabane, de ne plus avoir peur, et de retrouver le goût de la marche en groupe, en toute convivialité, et sans faillir à la consigne générale « Prenez soin de vous et des autres ».
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Le matin du 24 novembre 2019, le pêcheur du Buston observe du coin de l’œil ces randonneurs et randonneuses qui arrivent un par un, quelques fois par deux. Peu après neuf heures, il les regarde s’éloigner en groupe. Puissent les oiseaux les protéger du loup Ysengrin en zones boisées… Leur chance : les marcheurs n’ont pas à aller loin pour se retrouver sur un plateau dégagé, sur les hauteurs de la commune d’Ottignies-LLN. Il fait froid, les gants sont de mise mais le soleil rayonne… Ce sont ces journées-là qui sont appréciées par les marcheurs des mois d’automne. Le parcours offre des paysages ouverts, il est marqué par la présence de nombreuses fermes brabançonnes. De leurs branches, les oiseaux surveillent avec bienveillance cette joyeuse bande : les souvenirs d’Hergé, de Jacques Martin, des briquetiers remontent jusqu’à eux, des secrets bien gardés... Pendant ce temps-là, de la Tour de Moriensart, on observe aussi le comportement de cette petite troupe, on se prépare… Peu avant leur arrivée à Céroux, les marcheurs disparaissent dans un petit bois. Parfois, quand la forêt n’est que peu présente sur le territoire, le passage dans un bois de taille réduite en est d’autant plus intense. C’est à la sortie de cet espace boisé que tout va se jouer… Ils auront marché, enveloppés par les arbres, sur ce sentier coincé entre deux versants abrupts, sous un ciel tapi de feuilles. Sans transition, ils quitteront cet univers fermé pour se retrouver face à des champs s’étendant à perte de vue. Ils connaitront ce sentiment de liberté qui vous prend soudainement, brutalement, et qui peut parfois devenir incontrôlable. C’est précisément ce moment-là qui est observé, surveillé… Il semble bien que, cette fois-ci, l’agitation soit restée intérieure ; quand les marcheurs arrivent à hauteur de la Tour, c’est un accueil chaleureux qui les attend. Sur le chemin du retour, ce sont des rêveries écossaises qui s’imposent au groupe (l’Ecosse encore…). Du côté de l’étang du Buston, le pêcheur les attend : il voudrait leur parler. Ont-ils compris ce que marcher sur les terres d’El Botroul représentait ? Oh ce n’est pas marcher au centre du Brabant wallon… C’est simplement pousser la porte, à côté de chez soi, prendre le temps de s’aérer, découvrir que l’évasion est juste là et que toute localité a sans doute ses petits secrets qui attendent d’être réveillés par des esprits curieux. Voilà ce qu’il voudrait leur dire, mais ils passent, devant lui, d’un pas décidé... Leur dernier arrêt est bien trop proche : déjà les verres de bière s’entrechoquent au Barbuston, sous l’œil amusé du pêcheur.
Nous sommes au 21e siècle, à l’heure où la forêt a regagné un peu de terrain en Wallonie : elle occupe désormais 33% du territoire. Les êtres aux pouvoirs surnaturels ont quitté les lieux, les loups ont été traqués. Et si quelques loups sont de retour en Belgique, le sort qui a été réservé à la louve Naya nous fait comprendre qui doit avoir peur de qui… Les moments où la nature se déchaine sont prévisibles ; les zones et dates de chasses sont rendues publiques. C’est sans doute pour tout cela que les hommes et les femmes ne craignent plus vraiment de s’aventurer en forêt. Que pourrait-il encore s’y passer ? Un matin d’automne, 9 personnes se sont ainsi donné rendez-vous pour marcher en forêt, dans cette forêt même où un certain Hubert, au 7e siècle, a fait une rencontre marquante avec un cerf. Innocemment, sans arrière-pensée, les randonneuses et randonneurs s’enfoncent dans la forêt. La journée se passe au rythme de la marche. Lentement ou rapidement, en phase avec le relief. Vient le moment où la compagnie ressent le besoin de faire une pause ; le cœur de la forêt est un lieu privilégié pour casser la croute… On assiste à un moment paisible et convivial, au bord d’un large renfoncement qui ressemble à une vaste fosse à l’apparence sauvage… C’est de là qu’il a surgi : l’animal symbolisant l’Ardenne, le sanglier. Loin de rebrousser chemin en sens inverse ou de charger droit devant lui, il s’est arrêté, avec tout le courage qu’on lui connait. Il s’en serait alors suivi un échange avec les femmes et les hommes du groupe. On sait peu de choses sur cette rencontre, si ce n’est qu’avant de poursuivre sa course, l’animal les aurait fièrement regardés… Quel est le secret de cette rencontre ? Quelle était la teneur de cet échange ? Le groupe a-t-il concédé quelque chose à l’animal ou a-t-il accepté une mission ? Et si nous avions assisté à la naissance d’une légende ? La forêt, l’Ardenne, la rencontre entre l’homme et l’animal : tous les ingrédients sont réunis pour donner naissance à une nouvelle légende. Reste à savoir l’impact que cette rencontre aura sur l’homme… Un ultime détail : il parait que ces femmes et ces hommes ont eu besoin d’une petite goutte pour s’en remettre et que, par chance, la guide avait le nécessaire dans son fond de sac ! 28 septembre… direction Grez-Doiceau ! En route pour un itinéraire à l’image du relief, accidenté et pittoresque, de Grez… jadis « Greis », terre de grès mais aussi d’eau et de craie. Nous quittons le centre pour remonter la rivière du Trin ou du Train en direction de Morsaint, avec un coup d’œil dans le passé lointain des Romains qui ont été gréziens ou des Gréziens qui ont été romains… Traverser des champs, emprunter des sentiers discrets, plonger dans le bois du Bercuit et constater combien ses villas prestigieuses tranchent avec les habitations des 18e et 19e siècles rencontrées dans le centre de Grez. Nous passons ensuite la frontière vers la vallée des moulins de Chaumont-Gistoux, mais ne nous éloignons pas trop du Pays des blancs gilets… Après les 12 premiers kilomètres, une pause de midi bien méritée nous attend à quelques pas du Fort des Voiles et de sa sympathique chapelle, blanche aujourd’hui, rose dans mes souvenirs… Repartons vers Hèze pour monter la butte de Biez, où un magnifique point de vue sur Grez s’offre à nous. Par chance, un mariage vient de se terminer et nous pouvons pénétrer dans la très belle église de Biez. Avant de redescendre, il est temps de lever le voile sur les blancs gilets et les crayeux en évoquant la « vie » dans les galeries de la colline des Lowas et celle des cafés gréziens… Une très agréable descente, passant par l'ancienne voie vicinale Wavre-Jodoigne et longeant ensuite le château de Piétrebais en Grez nous amène au confluent du Train et du Piétrebais. C’est l’endroit idéal pour remonter le temps et plonger dans le passé festif de Grez, à l’époque où la fête du mois d’août était beaucoup plus importante que celle de la Saint-Georges… Mais cessons de parler de la tarte au stofé ou de nous apitoyer sur le sort de la pauvre oie qui, chaque année, en voyait de toutes les couleurs : après 18 km, il est temps d’aller trouver un peu de réconfort au café. Qui osera frotter ses bottines de randonnée sur les jolis souliers des blancs gilets ? :-) Lorsqu’on construit un parcours à Grez-Doiceau, il faut forcément faire un choix. Le territoire communal nous offre des paysages et architectures fort variés qui ne peuvent être tous rencontrés en 15km si on ne veut pas perdre en qualité, c’est-à-dire si on évite le plus de route et macadam possible. J’ai donc opté pour Archennes (et Florival) au passé à la fois rural et industriel en construisant un itinéraire passant également par Bossut et Pécrot. Ce 30 juin 2019, il fait chaud, c’est le dernier jour d’un épisode de canicule. On apprécie la chaleur des bois et, lorsque la traversée du plateau de Bossut nous met à découvert, on guette le seul arbre pour y faire une micro pause ombragée et boire. Boire régulièrement, c’est la règle de base pour ne pas se déshydrater et encore plus par temps chaud. Celles et ceux qui ont suivi mes conseils portent au moins deux litres dans leur sac. Le contraste entre les plateaux couverts de cultures et les versants abrupts et boisés, couverts de sable, n’échappe pas au groupe. Le parcours nous a permis d’évoquer l’activité passée de ces villages et le rôle qu’a joué le développement de voies de communication dans l’essor industriel qu’a connu Florival. Mais Tudor ne doit pas nous faire oublier l’Abbaye du Val Fleuri (Bloemendaal) qui a occupé le site avant lui. Cheminer dans Archennes, c’est aussi évoquer les écoles et les souvenirs familiaux, l’hospice du Coullemont et les religieuses d’Huldenberg, l’église et les chanoines de l’Abbaye du Parc d’Héverlée, l’ancienne sablière… Je crois que personne n’oubliera de si tôt le passage par l'étang de Pécrot, que ce soit pour les Bernaches du Canada, pour la taille impressionnante des carpes ou pour le caractère sauvage du sentier par lequel nous nous sommes éloignés de Pécrot. Par temps chaud, le débat sur le port du short ou le pantalon long dans les espaces de randonnée reste un sujet brûlant… De retour à Florival, on troque ses bottines de marche pour ses sandales (si on a été prévoyant.e) et on rejoint Herman à Néthen pour visiter le potager et le petit élevage de Graines de Vie, une coopérative agricole. Les explications qui nous sont données nous font presque oublier la chaleur accablante ; deux gouttes de pluie, c’est un mince espoir, une illusion même, une fausse alerte… la minute de rafraichissement pluvial n’aura pas lieu ! Sur les hauteurs (eh oui, nous avons encore marché à travers champs), nous faisons connaissance avec des cochons laineux (comme les moutons) ainsi qu’avec une race de poule étonnante : la Fauve de Hesbaye, au caractère bien trempé qui impressionnerait le renard et le tiendrait même à distance… C’était donc la dernière journée de rando qui s’inscrivait dans le cadre de ma formation en tant que Guide-accompagnatrice. Merci à tou.te.s les participant.e.s et rendez-vous au prochain épisode pour de nouvelles sorties, de nouvelles découvertes, de nouvelles randos ! Sur les terres de Saint-Hubert, un week-end forestier sous le signe de l’histoire et des légendes5/4/2019 Pour mon premier week-end de stage, j’ai choisi Saint-Hubert pour ses forêts, ses légendes, son histoire, son Abbaye… Première expérience de guidage sans la présence de ma maitre de stage, et pour cette occasion, je peux compter sur des alliés de poids : une météo printanière qui fait son grand retour et un groupe motivé, curieux et ouvert. Des personnes passionnées par la marche, le vélo, la moto, la photo ou l’humanitaire ont partagé, le temps d’un week-end, des souvenirs, des questionnements et ont laissé, derrière elles, le quotidien. Le samedi 30 mars 2019, chacun.e arrive au point de rendez-vous, dans la Grande Forêt de Saint-Hubert, avec des émotions et des liens à la forêt qui nous sont propres, qui dépendent de notre vécu et de la force que l’imaginaire qui colle à la forêt peut avoir sur nous. Le parcours en deux jours nous mènera sur les traces des hommes qui ont vécu sur ce territoire au cours des siècles. Le premier jour, nous traversons la forêt du Roi Albert, qui aimait se promener sur ce territoire, et sortons de celle-ci sur les hauteurs de la ville de Saint-Hubert que nous rejoindrons pour pénétrer dans la basilique et sa crypte. Incursion indispensable pour bien cerner l’histoire de l’Abbaye fondée au 7e siècle, à l’endroit où passait un ruisseau qui a donné son nom au lieu, « Andage ». On comprend aussi l’importance des légendes et des pèlerinages dans cette zone de l’Ardenne : une mystérieuse rencontre d’Hubert avec un cerf, un petit bout de papier tombé du ciel aux pieds de Plectrude, le transfert des reliques de Saint-Hubert, la pratique de la « taille » contre la rage… C’est au terme de ce premier parcours de 17 kilomètres, et après quelques étirements (sous surveillance royale…), que nous rejoignons Smuid, où le verre de bienvenue nous attend : l’occasion de trinquer pour l’anniversaire d’Hathi… Les plus téméraires d’entre nous se risquent à boire une « Corne du Bois des Pendus » de la Brasserie d’Ebly dans son verre d’origine… C’est à l’Hostellerie des Tilleuls que nous passerons la nuit. La bâtisse est une ancienne ferme qui a su préserver la simplicité et l’authenticité des lieux tout en assurant un service de qualité. Ici, on respire l’Ardenne, l’accueil est chaleureux, et la table peut compter sur les talents du chef Martijn. Personne ne regrettera de lui avoir fait confiance : sa truite farcie aux petits légumes est une tuerie ! Naomi, en patronne bienveillante, s’assure que tout se passe bien. Le lendemain matin, après avoir fait le plein d’énergie et le pique-nique, nous prenons la direction du Domaine provincial de Mirwart. Nous laissons derrière nous la trentaine d’étangs de cette pisciculture (en nous demandant si la truite de Martijn est élevée ici) et nous poursuivons notre incursion dans l’histoire de nos forêts en nous projetant au 16e siècle et en imaginant la vie du village disparu de Marsolle autour de son haut-fourneau. Il est ensuite temps de rejoindre la vallée de la Lomme. Après la rencontre d’un marcassin esseulé et une descente quelque peu abrupte pour rejoindre le niveau de l’eau, nous cassons la croûte sur le rocher de Marie de Gobaille. Bercé.e.s par le ruissellement de l’eau et les rayons du soleil, on aurait presque fait la sieste! Après cette pause, nous reprenons notre marche vers Mirwart. En fin de parcours, nous découvrons ce village labellisé « Plus beau village de Wallonie ». L’évocation des rivalités passées entre l’Abbaye de Saint-Hubert et la Seigneurie de Mirwart nous mène quelques instants devant le Château, aujourd’hui privé. Comme certain.e.s le feront remarquer, il est dommage qu’il soit interdit de circuler sur cette propriété alors que des deniers publics sont pourtant investis dans les travaux en cours… Nous redescendons par la Réserve naturelle du Pré des Forges pour terminer ce parcours de 19,5 km. On ne quitte pas l’Ardenne et on ne finit pas un week-end comme celui-là sans un dernier verre de l’amitié, dernier moment de partage avant de se séparer et de rentrer chez soi...
Un matin, tu arrives au Gîte de Rochefort et tu découvres les visages de celles et ceux qui vont t'accompagner dans cette aventure. Polaires, style décontracté, chaussures de sport: pas de doute, tu es dans la bonne salle... Même si les tables sont ornées de blocs de feuilles, de crayons et stylos, tu imagines facilement l'assemblée en pleine forêt! Par contre, tu ne te doutes pas à quel point la formation sera une aventure humaine. La boussole et les cartes IGN deviennent tes pires ennemies ou meilleures amies, tu commences à marcher en comptant jusqu'à 58, 60, 63 selon la longueur de tes pas, et puis tu recommences à zéro, bref tu étalonnes... et ne t'avise pas de te tromper sinon tu te retrouves sur le mauvais sentier. Tu marches encore et encore... Vient février, et l'exercice d'orientation de nuit et dans la neige! Crispations, hésitations, moments de doute au coeur des Ardennes françaises... Tu retrouves ton chemin, tu te dis - enfin - que tu ne vas pas passer "toute" la nuit dehors. Le lendemain matin, les chaussures ne sont pas sèches, mais tant pis, c'est reparti! Le rythme est donné. Avec le recul, c'est peut-être l'expérience la plus difficile de la première année, même si tu sais que ce n'est pas fini et qu'il faudra encore passer l'expérience du bivouac en autonomie, dormir sous une simple bâche en pleine forêt... Reste l'examen d'orientation du mois de juin avec une inquiétude qui t'accompagne jusqu'au matin du jour J: le corps va-t-il supporter le port d'un sac de 12 kg pendant 12 heures ? À quelques semaines, tu commences vraiment à stresser, alors tu te mets à faire des abdos, des pompes (histoire de gainer tout ça...), tu vires le petit verre de vin de tes habitudes et tu te dis que tu verras bien si ça passe. Départ à 7h45, pesée du sac et c'est parti! Au final, 33 km parcourus pour relier les balises et franchir la ligne d'arrivée dans les temps... Le corps s'est fait oublier, l'esprit a pris le dessus pour se concentrer entièrement sur l'orientation. C'est à se demander si un chiffre n'a pas que la valeur qu'on lui donne... Le soir, tu célèbres la réussite avec tes camarades : tu ne l'as jamais méritée autant cette bière! Enfin, tes jambes - de bois - te portent jusqu'à ta tente... Un peu de repos jusqu'au lendemain matin pour la suite de l'examen d'orientation. Et le corps suit, l'esprit commande... et tes camarades "cfariens" sont là pour boucler cette première année de formation. Chacun.e partira de son côté, cheminera dans diverses régions pour mener ses stages. Les retrouvailles n'en seront que plus belles! Si la formation au CFAR (Centre de formation d'accompagnateur/-trice en randonnée) vous tente, cela se passe ici : http://www.cfar.be/ |
EmilieUn blog qui raconte des randonnées accompagnées en Wallonie, des épisodes de repérage, des belles découvertes, des rencontres... Archives
Juin 2020
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